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Nathalie Gardes
25 février 2013

Turbulence de l'environnement

L’étude des mutations organisationnelles ne peut se comprendre qu’en référence à l’accélération du rythme de changement de l’environnement, inhérent à l’impact des transformations technologiques. Les travaux de F.E. Emery et E.L. Trist (1965) ont d’ailleurs conduit à établir une relation entre le type d’environnement et la forme organisationnelle adaptée. C’est à eux que l’on doit d’avoir introduit la notion de turbulence. En se fondant sur une distinction entre environnement statique et environnement dynamique, les auteurs identifient quatre types d’environnement auxquels ils associent une forme organisationnelle pertinente. 

  •      Selon l’appellation des auteurs, le type I correspond à un environnement placide et aléatoire dans lequel il n’existe pas de différences entre tactique et stratégie. « This may be called the placid, randomized environment. (…) A critical property of organizational response under random conditions has been stated by Schutzenberger : that there is no distinction between tactic and strategy, the optimal strategy is just the simple tactic of attempting to do one’s best on a purely local basis (1954, p.101) » F.E. Emery et E.L. Trist (1965, p.24). Un tel environnement correspond aux marchés de concurrence pure et parfaite des économistes classiques. Dans ce contexte, les organisations peuvent conserver une taille réduite et unitaire. 
  •      Ils définissent le type II comme un environnement toujours placide, mais dans lequel la survie des organisations devient liée à ce que l’entreprise connaît de son environnement. « This may be called the placid, clustered environment » F.E. Emery et E.L. Trist (1965, p.25). Il est possible de rattacher ce type d’environnement aux marchés de concurrence imparfaite. Dans ce cas, tactique et stratégie deviennent deux notions différentes. Les organisations tendent alors à grossir et à devenir hiérarchiques. 
  •      Au sein de ce qu’ils appellent le type III, les organisations ne doivent pas seulement considérer les autres firmes mais aussi elles doivent prendre en compte leurs réactions. « The next level of causal texturing we have called the disturbed-reactive environment » F.E. Emery et E.L. Trist (1965, p.25). 
  •      Enfin, le type IV correspond à un environnement complexe et turbulent. « Yet more complex are the environments we have called turbulent fields » F.E. Emery et E.L. Trist (1965, p.26). Les propriétés dynamiques ne résultent pas seulement comme dans le type III de l’interaction des organisations mais aussi du champ lui-même. Le sol bouge. Cela se traduit par un accroissement de l’incertitude. L’objectif stratégique ne se conçoit pas seulement en termes de localisation optimale (2) ou de capacité (3). Cela peut être formulé en termes d’institutionnalisation (F.E. Emery et E.L. Trist, 1965).

 

Les environnements turbulents remettent en cause les formes organisationnelles structurées hiérarchiquement parce qu’elles se révèlent alors inadaptées. Sous de telles conditions, l’établissement de relations entre des organisations non similaires dont le destin est positivement corrélé est nécessaire. A travers la coopération, l’organisation peut espérer atteindre un degré de stabilité. « Turbulent environments require relationship between dissimilar organizations whose fates are, basically, positively correlated » F.E. Emery et E.L. Trist (1965, p.29). 

L’environnement ne devient turbulent, pour une activité, qu’à compter du moment où les ressources et compétences dont dispose l’organisation s’avèrent insuffisantes pour affronter avec succès les conditions qui lui sont nouvellement imposées. L’idée développée par F.E. Emery et E.L. Trist consiste pour l’entreprise à négocier avec certains acteurs auxquels elle est liée, un retour à une situation assagie. On retrouve alors l’idée déjà suggérée par Sun Tzu selon laquelle « la stratégie la plus habile dans la guerre est celle qui permet d’atteindre ses objectifs sans avoir à livrer bataille ».

 

 F.E. EMERY ET E.L. TRIST « The casual texture of organisational environnements » Human Relations, 1965, n°18, pp. 21-31.

  SUN TZU « L’art de la guerre » Paris, Flammarion coll. champs, 1978, 253 pages.

 

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